Fiche révision Rockwell


Ce qu'il faut retenir.....

Norman Rockwell (1895-1978)

Peintre dessinateur américain, a illustré le journal "Saturday Evening Post" pendant presque 50 ans. Il devient l'un des artistes les plus populaires des américains.  Son affiche de 1943 "the Four Freedom" réalisée pour  le cadre l'effort de guerre (actions à fin de gagner de l'argent pour les soldats américains en guerre) participa à sa renommée. Ses dessins très réalistes et drôles sont devenus représentatifs de l'Amérique des années 30-60.

Ses dessins sont narratifs et illustrent le plus souvent l'actualité. ils sont d'un grand réalisme. Rockwell s'appuie dès 1930 sur la photographie pour réaliser ses dessins et peinture qui deviennent de plus en plus réalistes : Il s'oriente vers l'hyperréalisme.

rappel : L'hyperréalisme est un courant artistique né dans les années 60 aux Etats-Unis. Ce mouvement s'inscrit dans la continuité du pop-art et s'oppose aux mouvements d'abstraction. Les peintres hyperréalistes montrent des scènes de la vie courante, et souhaitent porter un regard neutre sur la réalité d'un monde capitaliste. Leur vision est objective ils utilisent la photographie reproduite à l'identique ou agrandie sur une toile. Duane Hanson fait partie de ce courant.



Sa technique : Photographie comme point de départ, puis esquisses (croquis rapide au crayon), puis dessin au fusain sur un papier aux dimensions de la toile. Report du dessin sur la toile et mise en couleurs à l'huile.


"Triple autoportrait", 1960

Un autoportrait autobiographique
113,5 x 87,5cm
huile sur toile



Réalisé pour la couverture du Saturday Evening Post à l'occasion de la publication de sa biographie.

Trois portraits en un : mise en abîme (procédé déjà réalisé par Gump au 17eme.)








Description : L'artiste s'est représenté assis de dos, en train de peindre. Il est face à sa toile et à un miroir. On voit le reflet de son visage dans le miroir mais ses lunettes masquent ses yeux. Le miroir est décoré de l'aigle américain. Sur la toile, le peintre a dessiné son visage rajeunit. Des esquisses et des petites reproductions de peintres célèbres sont accrochés à la toile. On reconnait : un autoportrait de Dürer, de Rembrandt, de Picasso et de Van Gogh. Le dessus du chevalet est coiffé d'un casque de pompier. Au pied du peintre, de la fumée s'échappe de la poubelle pleine de papier. Des pinceaux et des allumettes sont au sol. Il n'y a pas d'arrière plan, pas d'espace, juste un fond blanc (intemporel). Les couleurs utilisées sont surtout le bleu et le rouge.






Construction :  Le regard du spectateur est amené par 2 diagonales au centre de la toile (au niveau de la tête du peintre de dos) Mise en abîme de la construction : 3 carrés s'imbriquent les uns dans les autres : le carré des bords du tableau, le carré de la toile posée sur le chevalet, le carré du portrait au crayon formé par les bras et avant-bras du peintre et le bord de la toile du chevalet.










Analyse : Rockwell raconte ici plus son autoportrait qu'il ne l'expose. C'est un autoportrait autobiographique. Les détails sont choisis par le peintre pour divulguer des indices sur sa vie: le casque, les allumettes, la fumée et la pipe rappellent l'incendie de son atelier en 1943. Les couleurs utilisées dans la peinture, l'aigle américain renseignent le spectateur sur la nationalité du peintre. Son action donne son statut d'artiste. Les trois autoportraits renseignent le spectateur sur le caractère et les intentions du peintre. Le peintre les a mis en abîme, imbriqués comme des poupées russes, invitant le spectateur à "creuser" sa toile pour  découvrir son intimité.

Le portrait de dos : A califourchon sur son tabouret, le corps penché, le bras tendu, le portrait de dos semble instantané, pris sur le vif. Le spectateur surprend le peintre en train de peindre et lui vole son intimité. Cet autoportrait n'est pas accessible au spectateur. Celui-ci doit aller voir plus loin, dans le miroir pour voir le visage du peintre.

Le portrait du miroir : renvoie une image assez caricaturale du peintre : Maigre, le coup trop long, les épaules basses, la pipe  tombante. C'est le portrait qui présente le peintre tel que lui se voit.  Le peintre continue à se dissimuler au spectateur : son image est inversée et ses lunettes cachent ses yeux, donc son âme. Une partie de la toile cache son corps.

Le portrait de la toile :  C'est le portrait officiel, voué à la postérité. Il représente le peintre tel qu'il souhaite être vu. C'est le portrait stylisé, amélioré, signé. Le spectateur le voit cette fois-ci parfaitement bien mais ce portrait est inachevé, sans couleur, avec un regard visible mais lointain. Le spectateur ne peut s'arrêter longtemps sur ce portrait incomplet et prend à nouveau du recul pour appréhender la peinture dans son ensemble.

Paradoxalement, en même temps que le peintre invite le spectateur à sonder son âme, il l'oblige à prendre du recul en lui imposant un triple autoportrait dévoilant trois visions différentes : une vision subjective dans son autoportrait sur le chevalet, une vision caricaturale dans le miroir et une vision objective de dos.

Avec beaucoup d'humour Rockwell dévoile un "triple autoportrait" qui n'en dit pas plus que ce que tout le monde sait déjà.


Mise en relation avec d'autres oeuvres:


Le tableau de Rockwell, par l'utilisation du procédé de mise en abîme dans son autoportrait, peut être mis en relation avec le triple autoportrait de de l'autrichien Johannes GUMPP, peint en 1646. 



L'artiste se représente de dos, regardant son reflet dans un miroir octogonal, tout en se peignant sur une toile. Deux versions existent, une rectangulaire et une en "tondo" (sur un format rond); la version en tondo est intéressante pour le jeu des regards. le 1er regard est caché (peintre de dos), le 2nd dans le miroir regarde directement le peintre, le 3ème se pose lui, sur le spectateur.

Honoré DAUMIER reprend ce même procédé en 1848 dans la lithographie de son Triple autoportrait. Son trait caricatural peut lui aussi être mis en relation avec le portrait caricatural de Rockwell.














L'utilisation du miroir soulève le problème de la représentation de soi, de la relation entre l'être et son image. Elle propose une "réflexion"sur les notions de la réalité et de la représentation, de l'identité... être à travers mon propre regard ou être à travers celui des autres.
















Mise en abîme au cinéma, avec "la nuit américaine" de Truffaut en 1973. Un film dans un film où le metteur en scène joue son propre rôle.  Truffaut reprend le même procédé dans "Le dernier métro" en 1980.