NUSSBAUM, autoportrait 1943




FELIX NUSSBAUM

1904-1944
« Si je meurs, ne laissez pas mes peintures me suivre, mais montrez-les aux hommes »



Felix Nussbaum est né en 1904 à Osnabrück en Allemagne et mourut en 1944 à Auschwitz.

Juif allemand, issu d'une famille bourgeoise, Felix Nussbaum étudie les arts décoratifs à Hambourg, puis les Beaux-Arts à Berlin. Avec l'arrivée du nazisme, le peintre s'exile en Italie, puis en Suisse, en France et finalement en Belgique. En 1938, alors que les nazis organisent la Nuit de Cristal contre les juifs ainsi que l'exposition "d'art dégénéré", Nussbaum participe à Paris à l'exposition "L'Art Allemand Libre".
En 1940, après la défaite de la Belgique, l'artiste y est arrêté le 10 mai et est interné au camp de Saint-Cyprien dans le sud de la France. Pendant son séjour en camp, il ne dessine que des ébauches. Après s'être évadé, il retourne à Bruxelles; où il reste caché avec son épouse Felka Platek, artiste juive polonaise. 1942 marque l'introduction du port de l'étoile jaune pour les juifs. Les rafles et les déportations débutent en août. Malgré tout, Felka Platek s’obstine à rester en Belgique. Pour échapper aux rafles de la Gestapo, le couple se cache dans la mansarde d’un immeuble.
A la fin de la guerre, il est finalement arrêté sur dénonciation par la Gestapo à Bruxelles en juin 1944. Transporté à Auschwitz il y sera assassiné le mois suivant. Son épouse, l'artiste Felka Platek, fut arrêtée en même temps que lui et subira le même sort.

Felix Nussbaum et ses maîtres

Felix Nussbaum est un peintre moderne allemand, formé au temps de la Nouvelle Objectivité dans de prestigieuses écoles d’art allemandes.

Il fut au contact des courants artistiques avant-gardistes (en avance sur son temps) européens  comme le surréalisme avec Magritte ou comme la peinture métaphysique italienne (La métaphysique étudie l'existence, la place de l'homme dans le monde.) avec De Chirico, dont les œuvres sont reconnaissables à leur apparente simplicité : désertifications, perspectives exagérées ou impossibles, des objets incongrus (inadéquats, déplacés) dans des espaces oniriques (irréels et imaginaires).


Qu'est-ce que la Nouvelle Objectivité : Ce courant artistique apparaît après la 1ère guerre mondiale et se développe dans plusieurs grandes villes allemandes. Otto Dix en est sa figure centrale. La Nouvelle Objectivité veut représenter le réel et le quotidien, tel qu'il est, sans utiliser les manières de l'Expressionisme, qui manifeste l'émotion. C'est pour certains de ces peintres le retour à un classicisme harmonieux, pour d'autres la représentation cynique (inconvenante, choquante) de la société.
Tous veulent représenter le réel sans fard. Ces œuvres, parfois caricaturales, sont considérées comme "dégénérées" par le régime nazi. Le mouvement s'éteindra avec l'arrivée d'Hitler au pouvoir en 1933.


Ils ont influencé les oeuvres de F. Nussbaum plus précisément :


Vincent Van Gogh (1853-1890)

L’inspiration porte sur le thème de l'autoportrait en tant qu'exercice d'introspection. Le visage de 3/4, les deux peintres expriment leur mal-être et cherchent à exorciser leurs peurs et leur détresse en se représentant en train de peindre.


Giorgio De Chirico (1888-1978)

Le répertoire iconographique (d'images symboliques)  et la technique de Giorgio De Chirico ont beaucoup influencé Felix Nussbaum, en particulier les aplats de couleurs lisses et les contours nets des éléments du tableau, les ombres portées sombres et les rues en perspective marquées par des éléments architecturaux (fenêtres en arc en plein-cintre romain, élément architectural majeur des compositions de Chirico).










James Ensor (1860-1949)

James Ensor a très fortement inspiré Felix Nussbaum dans l’utilisation du motif du masque, que l’on retrouve de manière quasi obsessionnelle dans l’œuvre de ce peintre. Originaire d’Ostende, ville où Nussbaum séjourna de 1935 à 1937, les deux peintres se connaissaient. Le masque permet d’aborder plusieurs thèmes comme la question du regard des autres et leur jugement ou encore le questionnement intérieur du peintre. Pour Nussbaum, le masque symbolise la contradiction entre l’apparence extérieure, ce qu’il donne à voir de lui-même, et la réalité intime des peurs et de la dépression qui l’envahissent.



Le triomphe de la mort, Nussbaum, 1941

Les anciens maîtres flamands, tel Bruegel, ont inspiré la peinture de Felix Nussbaum.   Le triomphe de la mort peint en 1941 par Nussbaum porte le même titre que la peinture flamande de Bruegel datant de 1562. La série d'autoportraits de Nussbaum n'est pas sans rappeler celle de Rembrandt (1606-1669).























 
 
 


 
 
 
Max Beckmann (1884-1950)

Beckmann, Autoportrait, 1915
Max Beckman et Felix Nussbaum sont souvent comparés. Tous deux rendent compte des drames de leur époque et les retranscrivent dans leurs œuvres. En particulier la crise vécue par l’Allemagne des années 20 et les horreurs du nazisme. Considéré comme un artiste "dégénéré", Max Beckmann se refugia aux Pays-Bas en 1937, y attendant en vain son visa pour pouvoir émigrer aux Etats-Unis. Il n’y parviendra qu’après la fin de la guerre.












L'art Dégénéré :

Terme inventé par Joseph Goebbels, ministre de la propagande nazie, pour désigner les productions artistiques contraires aux critères esthétiques du pouvoir officiel de l'art nazi. Le 19 juillet 1937, l'exposition "Entartete Kunst" réunit tous les artistes jugés « dégénérés »,représentants d’une période jugée décadente, chaotique et corrompue. Ainsi, à côté de chaque œuvre figuraient des commentaires méprisants d’Adolf Hitler. Cette exposition eut lieu un jour après l'exposition de l'art officiel nazi ,qui glorifiait le triomphe et la supériorité de la race arienne jusque dans l'art. La présentation en parallèle de ces deux expositions fut une vaste manœuvre de propagande nazie : l'exposition officielle annonçant la venue d'une nouvelle époque culturelle qui anéantirait la culture « dégénérée » exposée dans la "Entartete Kunst".



Les Œuvres de Félix Nussbaum :

En 1931, son tableau "La place folle", dans lequel l'artiste se moque des membres de l'Académie des Beaux-arts, remporte un vif succès à Berlin, ce qui l'amènera à se rendre à la Villa Massimo de Rome en tant que lauréat de l'Académie Allemande en 1932.
Après son internement au camp de St Cyprien, ses œuvres sont marquées par l'expérience de sa captivité. On y voit la terreur du nazisme.
Ainsi, à partir de 1941, la guerre et la persécution des juifs ainsi que la peur et le désespoir qu’elles engendrent sont les thèmes majeurs de ses toiles. C'est par la peinture que Nussbaum combat ces démons.
Ses dernières toiles restituent la résignation de l'homme juif face à l'attente de sa mort certaine. Le Triomphe de la mort (signé du 18 avril 1944), ultime toile peinte, annonce la mort prochaine de l'artiste et présente une vision prophétique (annonciatrice) de l’effondrement général du monde. Nussbaum fait ici appel à deux thèmes de la tradition occidentale chrétienne : le Jugement dernier et la danse macabre.






Autoportrait et Peinture Existentialiste.

À partir de 1936, Nussbaum exécute une série d'autoportraits à travers laquelle il met en scène son identité d’artiste réfugié et celle de juif persécuté.

Dans ses tableaux, l'artiste s'attache à la représentation de l'expression. Les regards dans ses tableaux sont chargés de sens : on y voit le doute ou au contraire l'orgueil, la peur ou la perplexité, le désespoir ou le silence.

Partagé entre dérision et tradition (allégorie de la mort et autoportraits rappellent les œuvres des maîtres anciens flamands et allemands), ses autoportraits témoignent de l’homme existant, dans sa réalité concrète, en rapport avec la situation du monde qui l'entoure. En cela, sa peinture est existentialiste : Nussbaum représente l'homme isolé, délaissé, devant faire face au tragique de sa place dans un monde incertain, et parfois déraisonnable dans lequel il doit trouver un sens.

En 1943, au plus fort du désespoir, il réalise son autoportrait de l’homme juif , montrant son étoile jaune et son passeport.
On dit de sa peinture qu'elle « atteste d’un esprit d’une grande complexité, une fresque métaphysique d’une inquiétante étrangeté, qui décrit un monde conduit à sa destruction par la main de l’homme ».

Autoportrait au passeport juif, 1943


Osnabrück, Allemagne, Felix Nussbaum Haus
Huile sur toile
56x49cm


Autoportrait au passeport juif est probablement la peinture la plus célèbre de Felix Nussbaum. Dans cet autoportrait, il donne à voir sa plus grande peur : celle de ne pas être libre. Nussbaum peint cette œuvre alors qu’il est déjà entré dans la clandestinité (depuis sa fuite de Saint-Cyprien en 1940) passant son temps entre un atelier et une cachette dans un grenier.




Maison de Nussbaum, Allemagne
Ce tableau illustre Felix Nussbaum situé au 1er plan dans la partie inférieure du tableau. L'ensemble du tableau présente un camaïeu (une ou deux couleurs utilisées dans plusieurs tonalités) de gris-brun. L'artiste s'est peint entouré d'imposants murs gris, plombés par un ciel sombre où tournoient des oiseaux noirs, oiseaux de mauvaise augure. Un arbre aux branches coupés dépasse derrière le mur ainsi qu'un immeuble dont les fenêtres rappellent la maison natale du peintre à Osnabrück en Allemagne . Seule une trouée dans les nuages au niveau d'une branche d'arbre en fleur laisse apparaître un bleu azur. Enfermé derrière des murs où au fond d'une impasse, son visage tournée de 3/4, il pose sur le spectateur un regard oblique. Situé littéralement "au pied du mur" l'artiste, qui semble à l'affût, affiche son identité au spectateur : il remonte le col de son manteau laissant apparaître une étoile jaune tout en tendant sa pièce d'identité, dévoilant ainsi qu'il est juif. Le tableau n'est pas signé mais on peut lire son nom sur la carte d'identité. Son lieu de naissance, en Allemagne, est effacé, sa nationalité indique "Sans" et les mots "JUIFJOOD" sont sur-imprimés en rouge. La présence du mot juif, dans les deux langues, rappelle le fait qu’il est alors réfugié en Belgique. Cette carte d'identité est expirée depuis longtemps (vraisemblablement en 1940). Nussbaum est recherché.

Cet autoportrait de Nussbaum est l'expression d'une crise d'identité chez le peintre. Il peint la façon dont lui se voit dorénavant : un fugitif, exhilé en Belgique souffrant de la perte de son identité originel. Il apparaît caché sous son chapeau et enveloppé dans son grand imperméable, il n'est identifiable que par son étoile et sa carte d'identité. Il y a conflit entre ce que l'artiste donne à voir de lui-même (attributs en rapport avec son statut religieux) et l'expression de son intimité et de ses propres sentiments (son corps dissimulé sous ses vêtements, visage fermé).
Sa religion est devenue sa seule identité mais c'est elle aussi qui l'empêche d'exister. Ecrasé par la hauteur des murs, le peintre est dans une impasse, prisonnier de sa nouvelle identité. L'arbre dénudé situé derrière le mur est à l'image du peintre : branches ou bras coupé par un régime aux mains de fer, à moins que ce soit l'image symbolique d'une échelle permettant de s'évader... car Félix Nussbaum ne s'est pas représenté figé. Pris sur le vif, il semble plutôt adresser un dernier regard au spectateur (où à lui-même puisque c'est un autoportrait) avant de s'enfuir de l'autre côté du mur, là où le ciel est dégagé. Fuite de soi-même et de cette identité ordonnée pour pouvoir exister à nouveau ailleurs en toute liberté...
Autre analyse possible: les murs imposants semblent être les parois de la tombe du peintre. Au fond du trou, Nussbaum adresse un dernier regard au spectateur avant de disparaître, pour rejoindre le coin de ciel bleu, le paradis...

Piste de réflexion prise sur le net:


L'art et la Shoah


La Shoah veut dire "catastrophe" en Hébreu. C'est le terme utilisé pour parler du génocide des juifs durant la 2nde guerre mondiale.
La spécificité de la Shoah est d’avoir été un crime conçu pour être sans témoin. C'est-à-dire sans traces, sans cadavres et sans tombes. Les nazis souhaitaient qu’il ne reste absolument rien de leurs atrocités. Tout était ainsi fait pour qu’on n’en parle jamais.

Représenter la Shoah fut donc une tâche particulièrement difficile, si ce n’est impossible.  Peindre ou dessiner ce qu’on voyait dans les camps était un interdit absolu, passible de la mort immédiate. Cela explique que les oeuvres réalisées au sein même d’un camp sont très rares alors que les artistes survivants ont pu réaliser, après la guerre, de nombreuses oeuvres. Cependant il existe un art, dit "concentrationnaire", ayant été réalisé dans les camps ou ayant pour sujet les camps.


Comment est représentée la Shoah?

Les œuvres figurant la Shoah ont la difficile tâche de montrer ce qu’on appelle communément l’irreprésentable, c'est-à-dire représenter les circonstances et les lieux où s’est déroulé l’anéantissement mécanique,d’êtres humains et de l’exprimer avec des lignes, des formes et des couleurs. Pour la plupart des œuvres, il s’agit de figurer l’univers des camps et ses horreurs, notamment la mort, la douleur, les cadavres, les sévices subis ainsi que l’avilissement et la négation de l’homme. Il existe deux approches formelles possibles : le témoignage brut ou le traitement symbolique passant soit par l’utilisation de représentations abstraites soit par l’utilisation d’images indirectes ou non explicites mais évoquant néanmoins son souvenir. Les arts graphiques, ou plastiques, sont souvent privilégiés pour figurer la Shoah mais il existe aussi d’autres supports artistiques notamment le cinéma et la photographie.


Quelle est la démarche des artistes représentant la Shoah ?
Léo Haas, Therezin, 1943
Il n’existe pas un type mais une pluralité de statuts des artistes de la Shoah. Certains étaient des artistes professionnels, comme Felix Nussbaum, d’autres étaient des amateurs et parmi eux, certains étaient des enfants. Ils sont aujourd’hui considérés comme des artistes de la Shoah. Ces témoins ont pu peindre avant d’entrer dans les camps ou durant leur internement. Il existe par ailleurs une génération d’artistes contemporains qui n’a pas connu la guerre mais dont l’oeuvre traite de la Shoah.

Les motivations des artistes de la Shoah sont diverses :

-L’art comme évasion : L’art occupait une fonction salvatrice puisqu’il permettait durant quelque temps de penser à autre chose. Dessiner permettait d’exprimer leurs désirs, espoirs et angoisses.

-L’art comme confrontation avec la mort : L’art comme moyen d’accepter cette mort que l’artiste savait plus ou moins proche, comme si la peindre était une façon d’apprivoiser à l’avance les différents sentiments (peur, désespoir, souffrance, etc.) qui lui sont associés.

-L’art comme moyen de préserver son identité d’être humain: Pour ces artistes, la pratique artistique était un moyen de retrouver le statut d’homme alors qu’ils voyaient dans les camps leur condition humaine constamment niée. Peindre permettait de maintenir son identité. Malgré tout ce qui peut arriver dans le camp, dessiner permet de "rester" un peintre, comme si on posait sur tout ceci non pas un regard de déporté mais un regard d’artiste.

J.Turner, Déportation, 1942
L’art comme témoignage et dénonciation: Certains artistes ont eu un besoin impérieux de dessiner, peindre ou graver pour faire œuvre de témoignage. Dès lors, leurs œuvres pouvaient également être conçues comme des moyens d’attester du traitement qui leur était infligé, de témoigner de cette histoire, de leur souffrance et de garder des traces des morts.




A-t-on "le droit" de représenter la Shoah dans l’art ?

Il existe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale une opinion courante au sujet de la Shoah selon laquelle il serait impossible ou tabou de représenter l’extermination des juifs et l’univers qui s’y apparente. Deux positions s’affrontent à ce sujet.

Pour certains, l’extermination des juifs, voulue sans preuves et sans images par ceux qui la mirent en œuvre, se devrait de rester sans représentation par respect pour ce que subirent les victimes. Il y a  ici l’idée qu’aucune image ne peut être assez forte pour exprimer ce que fut cette période.

Pour d’autres, la Shoah doit être représentée afin que son souvenir reste présent dans la mémoire de tous, qu’elle ne tombe jamais dans l’oubli et que cette catastrophe ne puisse jamais se reproduire. Le fait de représenter la Shoah était une façon de contrer la volonté des nazis qui souhaitaient qu’il ne reste aucune trace des atrocités qu’ils avaient commises. Pour les tenants de cette dernière opinion, il faut également figurer la Shoah pour que jamais personne ne puisse nier son existence.


L’œuvre d’art peut-elle être considérée comme un témoignage ?

F.Audoul, Kommando tragique, 1945
Ces œuvres sont aujourd’hui des traces tangibles de l’existence des camps et de l’extermination des juifs au même titre que les vestiges des baraquements, les témoignages de rescapés et les photographies prises à la fin de la guerre. Cependant, elles posent également la question du statut à conférer à l’oeuvre d’art. Pour certains, celle-ci serait une incarnation au même titre qu’un témoin, ou un survivant, même si elle possède de fait un statut de véracité historique moindre par rapport à cette parole orale directe. En effet, l’œuvre d’art transmet, elle aussi, une part de cette Histoire à travers un langage symbolique. L’œuvre d’art serait également investie d’une fonction mémorielle au même titre qu’une valise de déporté, une photographie ou une étoile de tissu jaune. L’art serait alors considéré comme un moyen de compenser la disparition inéluctable des témoins, offrant un statut d’archive historique à cette production artistique sur la Shoah. Cela n’est pas sans faire débat. Même si pour certaines œuvres la volonté première de l’artiste était de témoigner, peut-on considérer une production artistique comme un document incontestable et authentique, donnant des « preuves tangibles de la réalité, de la vérité ou de la véracité d'une chose », comme cela doit être le cas d’un témoignage ? Si la littérature– pensons à Si c’est un homme de Primo Levi, ou à La Nuit d’Elie Wiesel – est reconnue aujourd’hui comme dépositaire de la mémoire de la Shoah au point d’être incluse dans la catégorie de " littérature de témoignage ", alors pourquoi ne serait-ce pas le cas des autres formes d’art, et notamment de la peinture ? L’œuvre plastique livre les sentiments de l’artiste par une autre forme de langage, un langage sans mots mais composé de traits, de couleurs et de formes. (cf Boltanski)


Comment réussir à transmettre ce qu’est la Shoah? Y parvient-on réellement ?
Dora, Misère, 1945
L’un des enjeux essentiels de l’art de la Shoah est de transmettre ce qui ne saurait se concevoir, l’inexprimable souffrance ressentie par les exilés, les réfugiés, les personnes cachées, les prisonniers et ceux dont la vie s’est éteinte dans les camps. Dès lors, on peut se demander si la transmission de cette expérience, qu’on imagine impartageable, est possible ou non. Afin de transmettre ce que fut la Shoah, il convient alors d’avoir conscience de ce fait : est partagé au mieux ce qui est possible de l’être mais la véritable expérience des camps, telle qu’elle fut vécue par les prisonniers, ne le sera jamais.





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