ARMAN, Long term Parking, 1982 et sa fiche de révision


Arman et Le Nouveau Réalisme

Arman est un artiste sculpteur qui appartient à ce courant artistique qui s'étend de 1960 à 1970.
Le Nouveau Réalisme pose la question du statut de l'objet dans l'œuvre d'art comme dans notre propre société. Les objets sont à la fois sujets et composantes des œuvres. Regroupés sous forme d'accumulations par Armand Fernandez (Arman), ou de compressions par César (1921-1998), assemblés et mis en scène de manières inhabituelles par Daniel Spoerri (né en 1930), ils obligent le public à poser un regard nouveau sur la production de masse.



Spoerri, Tisch, 1978 César, Compression, 1972



Dans l'œuvre d'Arman, le regard est porté sur la « société de consommation » et ses déchets dès le début des années soixante. Le réel, l’actualité, servent de point de départ à ses œuvres.



Arman (1928-2005) est un artiste français, peintre, sculpteur et plasticien, renommé pour ses "accumulations". Il fut l’un des premiers à employer directement, comme matière picturale, les objets manufacturés, qui s’apparentaient pour lui à des extensions de l’humain. Arman s'est aussi intéressé au rapport de l'objet avec les sociétés modernes, entre sacralisation et consommation.


Duchamp, Fontaine, 1917
La démarche d’Arman fait partie d'un vaste mouvement de redéfinition de l’art qui a débuté dans les années 1910 avec les premiers papiers collés de Braque et de Picasso : Des fragments ou objets du réel non identifiés comme artistiques font apparition sur la toile, bientôt suivis par l’irruption iconoclaste (contre les traditions) du ready-made de Duchamp et sa célèbre Fontaine, (un urinoir retourné).
C’est en quelque sorte, une façon de s’approprier le monde et de combler le fossé entre l’art et la vie. -La société de consommation et la culture de masse devient le nouvel espace de l’art, qui se voit ici désacralisé. C’est le contenu de la vraie vie, prise dans ses aspects les moins attendus et les moins flatteurs qui est retenu pour être mis au cœur de l’œuvre.




Braque, Ténora, 1913


Arman: "Je voudrais stopper la vitesse, l'explosion, l'éclatement, pièces rapportées du temps, accidents précieux où le hasard est toujours le même et encore répété..."

Arman, Poubelle, 1959
De 1959 à 1962, Arman a développé son style le plus reconnaissable, commençant par ses deux concepts les plus renommés : "Poubelles" et "Accumulation".
En 1959, il commence la réalisation de la série des «Poubelles » : il expose des ordures ménagères, des détritus trouvés dans la rue et ses déchets.
Les"accumulations" sont des collections d' objets communs et identiques qu'il a agencés dans du polyester ou dans du Plexiglas. Les premières ont été créées en 1962. Ses « accumulations » d'objets effacent leur singularité et renvoient une image de profusion, en même temps qu'elles soulignent le caractère périssable des produits de la société d'abondance. L'artiste offre ainsi une nouvelle perception de la réalité, notamment du quotidien.


Arman, Violoncelle découpée, 1962

Arman collectionnait des cafetières, des poupées, des masques à gaz et objets très divers.  Il accumule  et collectionne les objets . Dans son œuvre, l'objet apparaît tantôt multiplié et tantôt en morceaux mais toujours il est l'acteur principal d'une démarche plastique progressant par phases successives en suivant une certaine logique  : l'artiste entasse, brise, brûle, colle, éclate, écrase et découpe. En 1961, Arman débute aux États-Unis. Pendant cette période, il a exploré la création via la destruction. "Les Coupés" et les "Colères" sont constitués d'objets coupés, brûlés, ou brisés arrangés sur la toile.
Arman, "Chopin Waterloo", 1962 Arman, Clair-obscur, 1982



En 1960, Arman devient, avec Yves Klein, l'un des membres fondateurs du groupe des Nouveaux Réalistes, qui propose, selon ses mots : « des nouvelles approches perceptives du réel ».
A partir de 1967, il fait de l'« art-industrie », collaborant avec la firme Renault notamment, puis accumule toutes sortes de choses dans le béton. Il expose en Europe, aux USA et en Asie.



The Garment District,1974              the Day after, 1984               L'heure de tous, 1985              Espoir de paix, 1995


Dans les années 80 et 90, Arman multiplie les œuvres monumentales et varie les techniques : The day After (Combusion + bronze), Long Term Parking à Jouy en Josas, Hommage to the Garment District à Jérusalem, , Espoir de paix à Beyrouth... Arman a investi les espaces publics de près d'une centaine de villes du monde en réalisant des œuvres monumentales.




En 1982, il crée Long Term Parking de l'ex-Fondation Cartier  (Domaine de Montcel, 3 rue de la manufacture des Toile de Jouy, Jouy en Josas), une tour de près de 20m de haut (19,50 m) constituée de 59 véritables automobiles superposées les unes sur les autres, coulées dans 1600 tonnes de béton, se dressant dans un parc tel un énorme fossile, témoin d'une société de consommation de masse.

Composition de l'oeuvre : Cet œuvre n'est au départ qu'un essai provisoire qui souleva beaucoup de mécontentements chez les riverains lorsqu'il sera décidé qu'il restera. Il se compose d'un socle de béton de 6m x 6m, sans fondation, avec un vide en son centre qui permet de descendre à l'intérieur de la sculpture. Les voitures sont calées entre ce vide central et un coffrage en bois. Avant que ne soit coulé le béton à la pompe, chaque voiture est aspergée d'un produit isolant sur sa face visible afin que le béton n'attaque pas la peinture. Une fois le coffrage retiré, le béton est cassé autour des voitures, elles-mêmes remplies de béton. Les voitures ont été choisies de façon aléatoire, en fonction de leur passage sur une route, mémoire d'un moment de réalité. Leur agencement s'est faite selon leur couleur, comme un peintre agence ses couleurs sur sa toile. La construction a duré 6 mois et son coût, s'est élevé à plus d'1 million de francs. Pour tout entretien, la sculpture est nettoyée aux jets d'eau tous les 3 ans afin de décoller les mousses, et fait l'objet d'une révision de sécurité.

L'œuvre est monumentale , elle choque par son emplacement dans un lieu paysagé propice aux promenades et à la rêverie. Sa présence paraît fortuite (inattendue) . Elle se dresse tel un totem et demande au spectateur de prendre du recul pour pouvoir l'appréhender dans son entier.

Conclusion
Dans l'oeuvre d'Arman, l'objet est roi mais le nombre règne sur lui. Qu'il soit fourchette, masque à gaz, lampe, cafetière, violon ou voiture... l'accumulation des objets a eu lieu selon l'ordre établi par l'artiste, « Long Term Parking » en est le témoin fossilisé.
Traditionnelle par sa forme en colonne ou tour, l'œuvre ne l'est pourtant pas par ses composants. Il s'agit d'une sculpture monumentale usant de matériaux réels témoins d'un présent.

Les années passant, les objets intégrés aux sculptures d’Arman, portent la marque d’une époque aujourd’hui révolue. De même que les « papiers collés » de Braque et Picasso, réalisés en 1910, ont vu le papier journal utilisé jaunir alors qu’il fut blanc en son temps, les formes, les matières, les couleurs s’éloignent de notre réalité quotidienne : ce n’était pas le cas en 1960. Arman souhaitait que les pneus pourrissent, que les carcasses s'effritent et que les voitures finissent par apparaître en négatif, le béton portant les empreintes comme un fossile.

Cette œuvre et une représentation humble et modeste de la réalité sans aucune idéalisation. Elle montre que l'art est partout, même dans les choses sans valeur.

Liens vidéo :
exposition à Pompidou, présentation de l'art d'Arman : http://www.dailymotion.com/video/xgejhq_arman-presentation-de-l-exposition_creation?fbc=65

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FICHE DE REVISION


Ce qu'il faut retenir....

ARMAN (1928-2005) de son vrai nom, Armand Pierre Fernandez
Artiste français sculpteur, fait partie du courant "Le Nouveau réalisme". Renommé pour ses "accumulations", il utilise des objets industriels dans ses créations. Il continue sa carrière en 1961 à New York et partage sa vie entre la France et les Etats-Unis. Collectionneur passionné d'objets banals et d'objets d'art (africain surtout).

Le nouveau réalisme : de 1960 à 1970. Appropriation du réel en un "recyclage poétique du réel urbain, industriel, publicitaire". Les œuvres intègrent des éléments quotidiens : objets en plastique, détritus, voitures...etc. Différentes méthodes sont utilisées : compressions, accumulations, emballages, assemblages...
Les créations d'Arman naissent à partir d'objets quotidiens transformés en sujets. Accumulations, destructions, combustions, les techniques utilisées par l'artiste sont toutes liées à l'objet et à la matière.
En 1959, série des "poubelles" :
Ordures accumulées exposées =
                  -L'accumulation est une réponse à la surproduction des objets de consommation.
                  - La dégradation montre le caractère périssable des produits fabriqués en masse.
Long Term Parking, 1982

Jouy en Josas
Près de 20m de haut.
59 voitures dans du béton agencées selon leur couleur
Socle béton de 6m x 6m, vide en son centre

Les voitures ont été choisies en fonction de leur ordre de circulation sur une route puis agencées dans la structure selon leur couleur.
Œuvre monumentale qui a déplu lors de sa construction dans un parc paysagé, dédié à la promenade et à la rêverie.
Imposante et envahissante, elle ressemble à un totem insolite (bizarre).

Cette sculpture fige des matériaux de la vie réelle et devient ainsi témoin d'un présent révolu : Témoin "fossilisé" de la consommation de masse.

Arman voulait que sa sculpture vieillisse (toujours l'idée de la dégradation des objets de consommation de masse). Au final, les voitures, après s'être démodées, doivent disparaître pour ne laisser que leur empreinte dans le béton. Ce Parking Longue Durée est donc malgré tout amené à faire disparaître l'objet. Arman montre ainsi que l'on ne peut pas arrêter les effets du temps, pas même sur les objets. On peut parler de "vanité moderne".

rappel : une vanité : est une nature morte allégorique qui symbolise le caractère éphémère de la vie avec des objets tels des crânes, des sabliers, bougies, fleurs fanées...etc