Carlo
CRIVELLI (1430-1494)
Peintre italien. Originaire de Venise, il produit des œuvres très
décoratives (marbres, feuillages, fruits...) au dessin minutieux et donnant à
ses sujets une certaine intensité dramatique, propre au gothique tardif. Il fut
influencé par la Renaissance dans le traitement des volumes et par la
découverte de la perspective par Brunelleschi.
Crivelli
suivit sa formation artistique à Padoue auprès de Squarcione.
Annonciation avec St Emidius
207 x 146.7
cm, ce tableau est une œuvre de grande taille.
Tempera sur
toile
1486
En 1486,
Crivelli peint "L'Annonciation avec Saint Emidius" pour célébrer la libération
de la ville d'Ascoli.
Au XVe siècle, la ville d'Ascoli
était sous la domination papale. En 1482, les habitants de la ville achetèrent
au pape Sixte IV le privilège de se gouverner en commune. Cette Libertas
Ecclesiastica provoqua une éclosion artistique : Les magistrats et les
couvents commandèrent des tableaux et des fresques dont les sujets furent des
allusions à la libération qui venait de s'accomplir. Le peintre Carlo Crivelli reçut la commande de tableaux
destinés au palais et aux églises de la ville. Le plus célèbre de tous, lui fut
commandé pour l’église Santa Annunziata.
La lettre
accordant aux habitants d'Ascoli l'autonomie administrative de leur ville leur
parvint le 25 mars, jour de l'Annonciation. Cette date deviendra celle de la fête officielle de la
Cité d'Ascoli.
Composition
et présentation :
La
composition du tableau de Crivelli correspond à cette double circonstance du 25
mars : la libération de la ville et
l'Annonciation à la vierge Marie. Elle est donc à la fois un épisode biblique
et un ex-voto (objet de remerciement suite à un vœu exaucé) de la ville
affranchie de la tutelle de l'Église.
L’œuvre
se présente symboliquement en deux parties distinctes : une scène de rue et
une scène intérieure sont séparées par un mur. La composition est donc séparée en son milieu,
sur le plan plastique ainsi que sur le plan thématique, en deux zones
symétriques indépendantes : Dans la rue, la représentation de l'évènement de la
ville d'Ascoli et dans le palais, la représentation religieuse de la vierge
Marie.
Bien qu’il s’agisse dans l'ensemble, d’une Annonciation, les
acteurs principaux ne semblent pas communiquer. L’ange Gabriel et Saint Emidius
sont agenouillés côte à côte et sont en grande conversation sans s’occuper de
Marie qui de son côté lit, ne regardant pas même l’ange.
Le
tableau présente une construction géométrique, avec un point
central de fuite décentré sur la gauche.
L'horizon
est à hauteur de l'étagère dans la chambre de la Vierge, et le point de fuite
est situé sur le personnage qui se tient tout au fond. De cette position
surélevée, nous avons un large point de vue sur ce qui est au-dessus, ainsi que
sur ce qui est au-dessous. La pomme et la courge, peintes en trompe l'œil font
entrer le regard du spectateur au cœur du tableau. On remarque différentes improbabilités dans la représentation des personnes et animaux par
rapport à la perspective mise en place dans le tableau (cf pigeon en haut à
droite, personnages à gauche sur le balcon...). Le rayon divin, qui traverse la toile, ignore toute la perspective du tableau.
Dans la
partie gauche du tableau, en plein air dans une rue, se déroule la journée du
25 mars 1482, à Ascoli. Au niveau de la rue, sous le grand arc, un personnage
scrute le ciel, à la recherche du pigeon voyageur qui doit apporter la nouvelle
de l’indépendance de la ville, ou témoin du rayon divin, tout comme l'enfant situé à gauche du tableau. Sur cet arc qui enjambe la rue, un autre homme
lit la lettre contenant cette information, et l’oiseau, arrivé à destination,
est en sûreté dans sa cage. L’artiste établi un parallélisme entre d'une part,
la colombe du saint Esprit de Marie et,
d'autre part, le pigeon porteur de la bonne nouvelle aux habitants d’Ascoli.
Ce tableau
polychrome est un chef d'œuvre du
peintre, qui joint une perspective et des détails d'un très grands
raffinements, alliant des reliefs architecturaux, des animaux des étoffes et des
plantes aux personnages représentés avec beaucoup de minutie.
à noter : le
paon est le symbole de la résurrection.
"Un récit de la mythologie grecque donne l'origine des ocelles (yeux) qui ornent la queue du paon. Selon cette légende, la déesse Héra – que les Romains appellent Junon – sema sur les plumes du paon les cent yeux d'Argos (ou Argus), gardien de la vache Io, après que ce dernier fusse tué par Hermès, le messager des dieux. Cette tradition explique que le paon fut nommé par Jean de La Fontaine (xviiesiècle), l'« oiseau de Junon ». « se parer des plumes du paon » est pour lui signe de vanité. http://www.larousse.fr/encyclopedie/vie-sauvage/paon/184039
un clin d'œil à la vanité de la sublime représentation de l'Annonciation.