Superamas
Lady, ou Supermarket Lady est une œuvre de Duane Hanson
créée en 1969 et 1970 . Elle est exposée au Musée d'Art Contemporain Ludwig-Forum d'Aix-la-Chapelle en Allemagne.
Les matériaux
utilisés pour cette œuvre sont très différents : fibre de verre, polyester et
de vrais vêtements. Cette œuvre est représentée grandeur nature.
Georges Ségal
|
Rodin
|
Hanson peignant une de ses sculptures
|
Pour parfaire l'adéquation avec la réalité Hanson privilégie d'abord la fibre de
verre et la résine, ce qui lui offre la possibilité de
reproduire les moindres finesses du corps humain, donnant ainsi vie à ses
modèles avec une crédibilité toute nouvelle. Plus tard il utilisera le bronze.
Bowery bums, 1969-70
|
Hanson réussit à parfaire l’illusion de réalité quand il
représente ses scènes hyperréalistes de la vie quotidienne américaine,
véritable miroir de l’American Way of life. Ses sculptures sont
un mimétisme stupéfiant de la réalité quotidienne. En les déplaçant de leur cadre habituel cet artiste nous permet
d'aborder avec beaucoup de recul une société américaine dans laquelle tout est
sujet à la critique.
E. Hopper, Chambre à New York, 1932
|
L'hyperréalisme
:
est un mouvement artistique américain des années 1960. C’est un réalisme
quasiment photographique. Il s'inscrit dans la suite des travaux d’Edward Hopper et du Pop’Art. Il est aussi nommé aux
États-Unis photorealism ou superralism. En effet, l’influence de la photographie
dans le mouvement hyperréaliste est majeure tout comme dans le pop art. Les
peintres hyperréalistes recherchent la neutralité, ils n’ont pas pour but de
dénoncer quoi que ce soit, ils montrent le monde de manière objective, en font
le simple constat. Les peintures
hyperréalistes montrent des scènes de la vie courante, des portraits ou encore
des voitures rutilantes. On peut considérer que l’hyperréalisme est la suite
logique du Pop Art, parce qu’il utilise comme lui des symboles populaires. On
peut voir également dans ce courant artistique une réelle volonté de s'opposer
à l’abstraction, en faisant ressurgir une figuration excessivement fidèle de la
réalité.
Supermarket Lady : Cette sculpture est faite d'après le moulage du corps d'un
modèle avec des bandes de plâtre. L'artiste a ensuite coulé dans le moule du
polyester mélangé avec de la fibre de verre pour renforcer les moulages qu'il a
soudés entre eux. Après, il a peint méticuleusement sa sculpture, lui a ajouté
une perruque, des vêtements et autres accessoires.
Cette sculpture représente une ménagère en bigoudis, en train de
faire ses courses. En Europe occidentale, il est assez improbable de croiser
une telle ménagère en chaussons et poussant un caddie, mais aux États-Unis, un
tel personnage n'est pas si caricatural;
il fait partie du quotidien, d'où son caractère « réaliste » dans ce contexte
culturel et social.
Par cette
sculpture, Hanson dénonce la société de consommation : Les
produits agro-alimentaires sont fabriqués en masse aux Etats-Unis et bouleversent
les habitudes des consommateurs avec l'apparition des centre commerciaux. C'est ici que D. Hanson nous transporte avec cette sculpture, ou le
panier de la ménagère a été remplacé par un caddie qui déborde de nourriture.
Cette personne peut être n'importe quelle américaine de classe moyenne et il
n'est pas difficile pour le spectateur de s'identifier. Il ne lui est pas non
plus difficile de grimacer devant cette silhouette tassée, la cigarette aux
lèvres ainsi que devant ce regard vide malgré le caddie plein! Cette célèbre
sculpture d'Hanson se présente aux spectateurs comme une vérité crue,
dérangeante. Son mimétisme avec la réalité sans aucune trace de la
"patte" de l'artiste, ne permet pas aux spectateurs de prendre du
recul face à cette œuvre. Et alors qu'il aurait pu éviter de s'attarder sur une
telle personne dans un magasin, le spectateur est, dans le musée, obligé de faire face au
sujet.
L'artiste disait « Mes motifs préférés sont les
américains de la classe inférieure et moyenne. Pour moi la résignation, le vide
et la solitude de leur existence rendent bien la véritable réalité de la vie de
ces gens ».
à voir :
réaction des spectateurs : http://www.francetv.fr/culturebox/duane-hanson-remodele-le-reve-americain-30943
son travail mis en rapport avec celui du photographe Gregory Crewdson :
_________________________________________________________________________
FICHE DE REVISION
Ce qu'il faut retenir...
Duane Hanson (1925-1996)
Sculpteur américain "hyperréaliste". Il expose des personnages humains, grandeur nature d'après des moulages pris directement sur des modèles vivants. L'artiste transporte ainsi des scènes quotidiennes dans des lieux d'exposition à fin que le spectateur prenne du recul, s'arrête, réfléchisse et juge.
Son art est une critique de la société américaine.
L'hyperréalisme : mouvement artistique né dans les années 60 après le Pop Art. Courant artistique très réaliste, voir photographique. Son but est de montrer objectivement le monde tout en restant neutre . Tout comme le Pop art, il utilise des symboles populaires liés à la consommation de masse.
Contexte historique : Aux Etats-Unis le contexte sociaux-politique est agité. Même si l'Amérique détient le plus haut niveau de vie dans les années 60, l'American Way of Life et son idéal ne concerne pas tout le monde. La pauvreté divise la société. Violences et contestations prennent des formes diverses. Les artistes dénoncent le conformisme ambiant et la société de consommation. Le Pop art remet en question les fausses promesses du rêve américain.
Présentation de la technique : Sculpture faite à partir de moulage du corps d'un modèle avec des bandes de plâtre. Réalisée en fibre de verre et résine, peinte et accessoirisée, elle transcrit fidèlement tous les détails physique du modèle.
Description : Ménagère négligée en bigoudis et en chaussons, cigarette à la bouche faisant ses courses en tirant un chariot qui déborde de nourriture.
Analyse : Dénonciation de la société de consommation, avec sa fabrication en masse des produits alimentaires et l'apparition des supermarchés. Présentation d'une américaine de classe moyenne inférieure au regard vide malgré un caddie plein! Solitude de son existence pointée du doigt par l'artiste.