Ce qu'il
faut retenir...
Frida Kahlo (1907-1954)
Artiste peintre mexicaine. A subi un très grave accident à 18
ans (colonne vertébrée brisée entre autre...) qui lui laisse de très lourdes
séquelles à vie. Elle se met à peindre durant son très long alitement qui
suivit cet accident. Grâce à un chevalet
adapté et à un miroir installé sur le ciel de son lit à baldaquin, elle peut se
voir et se peindre. Elle subira une trentaine d'opérations dans sa vie et aura
le corps soutenu par des corsets de plâtre ou de métal. Elle se maria à Diego
Rivera, fresquiste mexicain renommé bien plus âgé qu'elle et infidèle. Ils
s'aiment, ils la trompent, elle se venge, il divorcent et ils se remarient. Elle
meurt jeune laissant derrière elle un très
grand nombre de toiles dont beaucoup d'autoportraits.
"Les deux Frida", 1939
& "La colonne brisée", 1944
Deux autoportraits introspectifs
Ses autoportraits ne sont pas destinés à renseigner le
spectateur sur son statut social ou à témoigner des effets du temps sur son
physique comme ceux de Rembrandt. A l'exemple de ceux de Van Gogh, ils racontent
les états d'âme de l'artiste. Tel un
journal intime, ils dévoilent ses
passions, ses souffrances, ses peurs. ils sont une
introspection de son psychisme. Plus
proche de la psychanalyse que de l'autobiographie, ses autoportraits permettent à Frida Kahlo de
supporter ses tourments et de s'accepter telle qu'elle est. Loin d'être
narcissiques, ils sont une véritable
thérapie pour cette artiste blessée au plus profond de son âme et de son
corps.
La peinture, pour Frida Kahlo, n'est qu'un outil pour
raconter sa vie. Contrairement à Picasso, elle ne cherche pas une nouvelle
représentation de la réalité. Elle se sert d'un pinceau comme d'un stylo pour
illustrer ses pensées. Il n'y a aucune
recherche plastique dans ses autoportraits. Si bien souvent on a considéré
son art comme appartenant au surréalisme,
l'artiste s'en est toujours défendue :"je
n'ai jamais peint mes rêves, j'ai peint ma réalité".
Présentation
& analyse des deux autoportraits:
Ce sont deux autoportraits de même style artistique : une
composition simple, une touche de pinceau régulière et une lumière uniforme . Frida se place
naturellement au centre de ses toiles
aux couleurs vives. Les années ont passé entre ces deux tableaux mais le
visage de l'artiste reste immuable (inchangé) et le restera tout au long de sa
vie dans ses différents autoportraits.
Deux toiles liées à la chirurgie :
On retrouve dans ces
deux toiles des détails ou attributs liés au monde médical et notamment à la
chirurgie. L'artiste s'est fait opérée une trentaine de fois et son art en est
marqué : organes tels que cœur et
artères, forceps, corps ouvert, corset.
Deux toiles pour deux
sortes de douleur :
"Les deux Frida"
de 1939 est un double autoportrait comme le nom l'indique. Réalisée au moment
du divorce de Frida avec Diego Rivera, la toile expose la douleur psychologique de l'artiste.
"La colonne brisée"
est peint en 1944 au moment où la santé de Frida décline. La toile expose la douleur physique de l'artiste.
Deux toiles pour s'affirmer & s'accepter :
"Les deux frida"
présente l'amie imaginaire de l'artiste, qui l'aide à traverser les moments
difficiles de son existence. La Frida virile de droite soutient la Frida
fragile de gauche. Alors que celle de droite tient le portrait de son époux, encadrée
par une veine qui va alimenter le coeur en sang, la Frida de gauche pince une veine coupée avec
un forceps chirurgical pour empêcher le sang de couler. L'artiste symbolise ici
le rôle vital de son mari dans sa vie : sans lui elle se vide de son sang. (Lire
les détails de l'analyse sur la fiche complète pour bien comprendre). Tout en affirmant
sa force mentale (Frida de droite) l'artiste a conscience de sa fragilité et qu'elle accepte de représenter
ici.
"La colonne
brisée" présente
au 1er plan l'artiste en buste, le corps "corseté" mais ouvert dans
son milieu laissant apparaître une colonne de pierre antique brisée. L'artiste
affirme ici sa mauvaise condition
physique. C'est un constat. Son corps est blessée, transpercé par de multiples
clous, elle souffre. Des larmes coulent sur ses joues. A l'arrière plan, le
paysage est dévasté à l'image de sa vie. Pourtant le corps dénudé, Frida, digne
et "sacrifiée", affirme toute sa féminité et sa force.
Dans ces deux autoportraits il y a beaucoup de
souffrances morales et physiques mais malgré cela, ils ne sont pas dramatiques.
Ils apparaissent comme un constat sans jugement de la part de l'artiste. La
sérénité de la touche, le choix des couleurs, le visage digne et calme de Frida
témoignent de l'acceptation de sa condition. En la peignant, sa douleur devient sa force.